L’Algérie isole officiellement les camps : Un plan sécuritaire qui transforme les réfugiés en prisonniers

Un siège qui se resserre
Alors que l’armée algérienne se contentait auparavant de surveiller les quatre points d’accès des camps, érigeant des barrières de sable et installant des systèmes de surveillance électronique à haute fréquence, la situation s’est considérablement aggravée. Désormais, des unités de police algérienne patrouillent à l’intérieur même des camps, sous prétexte de sécuriser une future voie ferrée. Ce projet ferroviaire, reliant les mines de Gara Djebilet à la ville de Béchar, traversera les camps de Rabouni et d’Aousserd, justifiant ainsi une présence militaire accrue.
Pour les habitants, cette intrusion est perçue comme une nouvelle étape dans la stratégie d’isolement et de contrôle orchestrée par Alger. Deux nouveaux points de contrôle ont été établis, renforçant le siège déjà en place. Les forces algériennes, qui contrôlaient auparavant les périmètres extérieurs, interviennent désormais directement dans les déplacements entre les camps, s’arrogeant le pouvoir d’arrêter quiconque tente de circuler.
Un plan sécuritaire aux objectifs troubles
Cette militarisation croissante s’inscrit dans un plan plus large initié en 2016 par le général Saïd Chengriha, alors commandant de la région militaire de Béchar-Tindouf-Naâma. Objectif : asphyxier les camps, empêcher toute activité économique et maintenir une image de misère et de dépendance. Les autorités algériennes ont également interdit le commerce local et bloqué les livraisons de carburant vers la Mauritanie, tout en établissant de nouvelles bases militaires, comme celle de Rachid, tristement célèbre pour son centre d’écoute et de surveillance des communications.
Cette stratégie reflète également le mépris d’Alger envers les revendications des habitants. Malgré plusieurs soulèvements et manifestations contre ce siège étouffant, les autorités algériennes persistent, aggravant une situation déjà explosive. Les gardes-frontières algériens ont été impliqués dans au moins 43 meurtres et des exécutions ciblées de jeunes tentant de fuir ces camps.
Un avenir sombre pour les camps
Avec l’approche des forces algériennes, les craintes d’une répression accrue grandissent. Les habitants redoutent que Chengriha et son armée ne redoublent de violence, surtout en cas de revers diplomatiques ou militaires de l’Algérie. Les camps de Tindouf, déjà marqués par des décennies de souffrance, semblent condamnés à devenir le théâtre d’une nouvelle escalade de la répression.
Par : Al-Fadhel Al-Raqibi